Dépendance
et humour
Quand
on est jeune éducateur, il nous arrive de penser qu’une mise en situation nous
permettra de mieux comprendre et même de « nous mettre à la place de la
personne handicapée ». Se déplacer en fauteuil, pour être paraplégique ou
se bander les yeux pour se croire aveugle. Je me souviens comment il y a
près de 30 ans un jeune étudiant éducateur aveugle avait remis à leur
place de valides ses camarades de promo en remettant en cause le bien-fondé de
ces mises en situation.
La semaine dernière à l’hôpital j’ai pu vivre la
dépendance dans la réalité de ce qu’elle représente avec pour autant la
chance et la certitude qu’elle n’était que temporaire.
Je me suis fait laver par un jeune homme, je me suis fait
habiller par une jeune femme. J’ai été bougé pour que les deux agents puissent
faire le lit. J’ai bu seul grâce à la paille proposée. J’ai utilisé l’urinal
tendu. J’ai fait mes premiers pas avec le soutien très physique et corporel de
la kiné.
Fier j’ai toujours pu me laver les dents seul.
Grace à la courte durée de cette expérience. Il m’a été
facile d’accepter et de bien vivre cette situation.
Entre le réveil, la prise la prise de sang, le besoin de
pipi, le petit déjeuner, la toilette et l’habillement combien de personnes
le plus souvent inconnues m’ont touché et manipulé ? Combien
m’ont ramené à un état de tout petit (Et ce n’est pas aisé)
Ces moments ont pu se vivre facilement, souvent avec
humour, parfois avec un peu de difficulté parce l’aidant et moi-même
n’étions pas en phase, ou plutôt pas à la bonne distance. Trop dans l’affectif,
trop proche, ou au contraire dans le geste seulement technique et froid ;
et les instants deviennent difficiles à vivre.
Pour ce qui est de l’humour, j’ai rencontré deux aides-soignantes
une au 17ème et une au
11èmeChacune 38 ans de CHU (la tour a 42 ans), mais chaque
jour la bonne humeur et la volonté de bien faire leur travail même si la
fatigue du corps était visible.
Pour
faire passer les moments un peu délicats d’aide sur l’autonomie l’une et
l’autre utilisaient le même stratagème : L’humour, toujours prêtes à se
moquer du malade capable de leur répondre. Je vous promets que j’ai tout
fait pour ne pas les décevoir et d’être à la hauteur de leurs attentes.
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