dimanche 27 mars 2016

Lundi 23 Novembre 2015

Dépendance et humour

Quand on est jeune éducateur, il nous arrive de penser qu’une mise en situation nous permettra de mieux comprendre et même de « nous mettre à la place de la personne handicapée ». Se déplacer en fauteuil, pour être paraplégique ou se bander les yeux pour se croire aveugle. Je me souviens comment  il y a près de 30 ans  un jeune étudiant éducateur aveugle avait remis à leur place de valides ses camarades de promo en remettant en cause le bien-fondé de ces mises en situation.  
La semaine dernière à l’hôpital j’ai pu vivre la dépendance dans la réalité de ce qu’elle représente avec pour autant  la chance et la certitude qu’elle n’était que temporaire.
Je me suis fait laver par un jeune homme, je me suis fait habiller par une jeune femme. J’ai été bougé pour que les deux agents puissent faire le lit. J’ai bu seul grâce à la paille proposée. J’ai utilisé l’urinal tendu. J’ai fait mes premiers pas avec le soutien très physique et corporel de la kiné.
Fier j’ai toujours pu me laver les dents seul.
Grace à la courte durée de cette expérience. Il m’a été facile d’accepter et de bien vivre cette situation.
Entre le réveil, la prise la prise de sang, le besoin de pipi, le petit déjeuner, la toilette et l’habillement combien de personnes  le plus souvent inconnues m’ont touché  et manipulé ? Combien m’ont ramené à un état de tout petit (Et ce n’est pas aisé)
Ces moments ont pu se vivre facilement, souvent avec humour, parfois avec un peu de  difficulté  parce l’aidant et moi-même n’étions pas en phase, ou plutôt pas à la bonne distance. Trop dans l’affectif, trop proche, ou au contraire dans le geste seulement technique et froid ; et les instants deviennent difficiles à vivre.
Pour ce qui est de l’humour, j’ai rencontré deux aides-soignantes une au 17ème et une au 11èmeChacune  38 ans de CHU (la tour a 42 ans), mais chaque jour  la bonne humeur et la volonté de bien faire leur travail même si la fatigue du corps était visible.

Pour faire passer les moments un peu délicats d’aide sur l’autonomie l’une et l’autre utilisaient le même stratagème : L’humour, toujours prêtes à se moquer du malade capable de leur  répondre. Je vous promets que j’ai tout fait pour ne pas les décevoir et d’être à la hauteur de leurs attentes.

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