dimanche 27 mars 2016

Dimanche 22 Novembre 2015

Au pied de l'échelle

- Bonjour c’est l’infirmière
- Comment ça va aujourd’hui
- Pas de fourmillement dans les membres
- Vous êtes allés à la selle
- Avez-vous mal quelque part
- La douleur sur échelle de 1 à 10 vous la mettez ou ?
Et c’est à ce moment-là que le patient se sent mal. Car le voilà au pied de l’échelle en train de mesurer sa douleur.
10 c’est facile, la douleur est tellement insupportable que l’on ne sait plus où on a mal. Tu atteins le palier 10 quand tu as détruit la sonnette d’appel à force d’appuyer dessus
1 tout aussi facile. La douleur est au premier niveau, qui n’est pas zéro d’ailleurs,  c’est quand tu demandes ce que tu fais là à écouter tous les jours la même question idiote de l’infirmière, alors que tu serais tellement mieux chez toi avec des amis autour d’un bon repas.
Mais quand il s’agit des paliers intermédiaires, se situer devient une tache beaucoup plus complexe pour le patient douloureux.
J’ai mal un peu c’est très supportable je dirais bien 2 ou 3, alors je dis 2-3. L’infirmière retient 3 et me donne les antidouleurs prévus. Si j’ai 3 c’est parce que je prends les médicaments. Si je dis 2 je n’aurais pas les médicaments et j’aurais mal, au moins 4 ou 5. Attention suivez le raisonnement je dis 3 au lieu de 2 c’est pour ne pas être à 4 ou 5.
5 c’est la moitié de 10, c’est quoi la moitié de l’insupportable.
7-8 entre la moitié de l’insupportable et l’insupportable.  La douleur tu  ne l’écoutes plus, c’est elle qui t’envahie. Tu peux encore  demander de l’aide de manière polie mais tout juste.
Quand tu montes sur les échelons les plus hauts, tu joues beaucoup moins, tu penses qu’à redescendre et trouver du soulagement et de l’apaisement. Peu importe le nombre tu veux simplement du résultat.
Le mérite de l’échelle et de ses échelons  est de nous faire parler de notre douleur. J’écris notre douleur car  chacun a la sienne et ce que vit notre voisin de chambre ne nous aide pas, même pas pour dire si l’on se trouve à 3 4 5….
Parler c’est bien, mais le plus important c’est la manière dont on est entendu.

Les propos de cet écrit sont à considérer avec prudence car ce matin j’étais au moins à  l’échelon 4.

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