dimanche 14 février 2016

Vendredi 16 octobre : Urgences

Vire: la valses des pas et mots inutiles

Je craignais pour le cœur mais je n'avais pas mal. Alors j’ai attendu. Normal. Dans mon box, porte ouverte. J’ai vu passer des gens, beaucoup de gens de blancs vêtus. 80 en une heure pour être précis. 80 dans les deux sens. Les mains pleines les mains vides d'un pas lent ou en trottinant. Mais jamais ne s'arrêtant. Pas un mot pour le patient observateur. Par contre en écoutant j'ai appris beaucoup de choses. Une infirmière est très forte pour tuer les poulets. D’ailleurs ce soir après le boulot elle en tuera 15. Une autre soignante a rentre son salon de jardin. Sa collègue ne l'a pas sorti car elle part toujours en voyage quand elle est vacances.  Avant de pouvoir manger la fameuse crème vanille hospitalière j'ai eu la chance de connaître le menu du futur dîner de la moitié service. Les discussions du personnel ne rencontrent que rarement les mots des patients.


A un moment une envie pressante. On m'indique les toilettes. Elles sont dans l'entrée ou attendent les familles des personnes hospitalisées.  Je me lève. Le seul souci est que je ne suis couvert que la seule jaquette réglementaire qui de par ma taille ne cache pas grand-chose de mon anatomie postérieure.

Caen:  l'art de l'attente

D'abord le plus compliqué est de se débarrasser de sa voiture. L'accueil sympathique est réalisé par une dame qui sait rester positive quel que soit l'angoisse en face d'elle.  Puis le médical arrive. Premier sas, première occasion d'une longue série de raconter son histoire.  Je suis orienté en secteur bleu ce qui m'indiffère en tant que daltonien. Je suis accueilli par une aide-soignante pour un inventaire de mes biens. Telle une entrée en prison il faut laisser ses effets personnels mis dans un sac vestiaire.  L'aide-soignante me fournit ma tenue de bagnard, un beau pyjama xl jetable bleu. Et l'attente commence. Les urgences ici sont mieux organisées. Le personnel semble faire moins de pas inutiles. Dans un grand hall situé entre deux rangées de box les patients attendent. Quand c'est au tour de l'un de nous de bénéficier de soins il est mené dans un box libre. Et c'est ainsi que se met en place un beau ballet de brancards.  Suivant les mouvements de chacun nous changeons régulièrement de voisins.  Parfois, il manque un peu de place et les chariots se frottent. Le camp des soignants est constitué d'une multitude de professionnels. Il y a le jeune élève infirmier deuxième année qui se présente qui déploie politesse, explications et gentillesse. Il n'est pas très à l'aise mais déjà montre compétence à faire une prise de sang. Il y a cette grande étudiante en médecine qui ne semble adresser la parole à personne tout en faisant son travail. Il a ce brancardier qui blague une jeune fille accidentée de la route en lui proposant de racheter l'épave pour de la pièce détachée.  Il y a cet interne de neurochirurgie qui vient par deux fois me voir pour évaluer l'urgence de ma situation et qui en s'excusant repart auprès d'un patient en extrême urgence.  Il y a les internes, déjà, médecins qui s’affirment en effectuant les techniques apprises. Il y a les infirmières qui souvent orchestrent en apportant humanité dans cette organisation.  Et il y a notre chef aide-soignante. Comment la décrire. Par-dessus sa blouse réglementaire, elle porte une grande tunique blanche qui se gonfle quand elle s'agite et elle s'agite beaucoup. Les urgences lui appartiennent. A toute nouvelle arrivée elle se charge de faire l'inventaire des affaires personnelles et de fournir une tenue. Elle surveille ce que font les internes et les reprend si elle estime qu'ils n'ont pas bien rangé le matériel.  Elle donne l'ordre à ses collègues d’arrêter de nettoyer les brancards car elle estime que les brancardiers ne font pas suffisamment leur boulot. Et quand ces derniers arrivent, une fois qu'elle les a remis en place elle les aide à faire le travail.  

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